John Bernard, producteur exécutif chez Peninsula Film

Dans le cadre du Paris Images 2022, John Bernard, producteur exécutif chez Peninsula Film, revient sur son activité, sur le tournage de The Serpent Queen et sur l’importance des studios aujourd’hui en France.

Pouvez-vous me dire en quelques mots en quoi consiste votre activité ?

Moi j’ai un métier qu’on appelle line producer ou prestataire de services. Le but de notre société c’est de pouvoir accueillir surtout des clients anglo-saxons, de l’étranger et de faire en sorte qu’ils puissent s’occuper de leur tournage en France sans être embourbés dans toute la structure et tous les problèmes qu’on peut avoir pour tourner en France.

Vous avez récemment travaillé sur la série The Serpent Queen, dont le tournage a eu lieu en France à l’été 2021. Quels ont été les principaux challenges de ce projet ?

Il faut vraiment partir sur la base de pourquoi le projet est venu en France. L’année d’avant, au mois de juillet-août, on avait commencé déjà à parler du projet, l’idée de faire un projet complet, historique sur une plateforme avec 8 épisodes. Et contrairement à ce qu’on a jusqu’à présent plutôt l’habitude de faire, c’est-à-dire tourner des extérieurs ou des lieux mythiques en France et partir soit en Angleterre soit dans un pays de l’Est pour faire une partie studio ou autre chose.

Là, il y avait un vrai désir de pouvoir tourner au maximum dans de vrais endroits en France. Et surtout emblématiques qui faisaient vraiment partie de ce projet, qui est un projet sur Catherine de Medicis donc on est vraiment dans les années 1530 jusqu’à 1540-50.

L’idée c’était de venir faire tout la série en France, y compris les studios. Et les studios, c’est une partie aujourd’hui sur les plateformes, sur les séries de télé qu’on fait où on a un pourcentage du temps qui est toujours en studio donc les studios deviennent en partie essentiels par rapport au travail qu’on fait sur les séries. Et puisque c’est des séries et c’est plusieurs épisodes, c’est très difficile de venir, repartir, venir, repartir… Donc nous on a eu le concept de faire tout le projet en France et à ça on a ajouté aussi les 10% sur les effets visuels, parce qu’il y avait beaucoup d’effets visuels à faire sur la série également ce qui a fait que l’un pour l’autre, c’était financièrement la bonne décision de rester en France. Physiquement, c’était la bonne décision parce que cette année on a eu le problème du confinement, on a eu le problème du Covid. Ça nous a aidés sur certaines choses. Certains châteaux normalement ouverts au public étaient fermés. Donc on a pu bénéficier de cette fermeture d’une façon assez conséquente. Et également le fait de ne pas amener toute l’équipe dans un autre pays avec tous les problèmes de quarantaine et de mouvements de personnel, matériel, etc. pendant cette période a fait qu’on a vraiment fait le bon choix de rester en France.

Est-ce qu’il y a une vraie différence quand vous abordez la production d’un film ou d’une série ?

En principe, on part pour un jour de tournage donc que ce soit une série ou que ce soit un film, c’est pareil. Ce qui est en train d’être développé comme phénomène ici en France maintenant, c’est que les plateformes ont plusieurs saisons ou ont plusieurs épisodes dans une saison et donc la masse de travail est éparpillée sur une période beaucoup plus longue que ce qu’on a l’habitude de faire sur les longs-métrages et qui fait que ça c’est vraiment le changement. On peut partir pour 6 mois de tournage, ce qu’on fait jamais sur un long-métrage.

Est-ce que vous pensez que les studios sont un moyen de booster la création française et d’attirer encore plus les productions internationales ?

Aujourd’hui, je ne vois pas des gens venir tourner en France que pour les studios. Même quand on avait les meilleurs studios au monde, économiquement c’est pas une formule qui fonctionne vraiment. Mais avec des tournages de séries télé de plus en plus importants avec des budgets de plus en plus conséquents, ils ont besoin des studios pour pouvoir tourner à leur façon qui est sur place et en studio sur des décors récurrents, etc. Donc cet investissement et ce changement de tactique par rapport à l’économie et la mise en place, la mise à disposition et l’investissement dans les studios est clé. Parce que si on n’a pas cet outil de travail, on ne pourrait pas faire de longues saisons multi-épisodiques de tournages en télé.

Comment avez-vous réussi à vous adapter depuis la crise sanitaire ?

Concernant les tournages même et le risque de Covid, nous on est assez draconien sur la façon dont on le fait. On fait tester tout le monde minimum trois fois par semaine. Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est que nous, on est pas le producteur, on est un prestataire de services et on travaille pour les studios et pour les plateformes internationales qui ont des consignes de travail qui sont clairement identifiées dès le départ. Donc nous on est obligé d’assumer ces besoins et d’être très clair avec les équipes qu’on engage et les gens avec qui on va devoir travailler, qu’on travaille dans cet ensemble de choses qui fait que oui, on est très ouvert à écouter ce dont nos clients ont besoin et nous on l’applique et on l’applique à la lettre. C’est assez conséquent les budgets qu’on fait pour le Covid.

Interview réalisée par Fanny Hubert

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