Madeline Fontaine, directrice artistique costumes
Rencontre avec Madeline Fontaine costumière.
Comment avez-vous abordé ce nouveau projet Marie-Antoinette ?
“Marie-Antoinette”, c’est très particulier pour moi parce que quand Claude m’a proposé le projet, puisqu’on avait fait “Versailles” ensemble sur les trois saisons, je venais de travailler presque deux ans non-stop et j’avais eu cet accident dont je viens de vous parler donc pour moi c’était beaucoup trop d’imaginer travailler un an. Mais je n’imaginais pas non plus laisser Claude, en connaissant l’importance qu’avaient eu les costumes sur “Versailles”, sans réponse. Et ça a été l’opportunité d’offrir à une de mes assistantes de longue date la possibilité de le faire en son nom. Donc on a démarré le projet ensemble et puis elle a continué et je suis très contente de ce qu’elle a fait, de la manière dont ça existe. C’est différent de ce que j’aurais fait moi mais c’est vraiment dans la lignée de ce que je considère comme un beau travail de costumes.
Vous avez dû faire beaucoup de costumes ?
Les heures de travail c’est toujours énorme. C’est de l’artisanat de luxe en fait. Il y a vraiment que la mode et le cinéma dans certains cas qui puissent permettre ce travail artisanal. C’est du travail à la main donc forcément à la main c’est long. Une robe ça prend au moins deux semaines à faire, deux semaines de temps de travail entre ceux qui coupent, ceux qui montent, etc. Les décos qui prennent aussi beaucoup de temps et le nombre qui a été fait, j’ai demandé justement hier parce que je n’avais pas idée, on ne compte pas en fait, on fait le nombre de vêtements dont on sait qu’on a besoin dans un budget cohérent et par rapport à l’histoire mais on ne les compte pas comme ça. Et en fait il y a eu 90 robes, enfin costumes de femmes ce qui n’est pas que la robe. C’est les robes, les plaques d’estomac, les jupons, les corsets etc. 90 pour les femmes et je crois 75 pour les hommes quelque chose comme ça. Je dois avoir une petite note là mais je ne suis pas loin du compte. C’est à chaque fois beaucoup de pièces, beaucoup de métrage de tissu, énormément de boutons aussi pour les hommes parce qu’il y en avait partout, des décos à n’en plus finir. Et tout ça c’est effectivement beaucoup de travail mais c’est extraordinairement plaisant d’avoir l’opportunité de travailler sur cette ampleur de possibles. Je sais que sur “Versailles”, il y a des périodes qui passent, il y a des années qui passent donc les choses se transforment un petit peu, là encore plus parce que “Marie-Antoinette” ça va vraiment changer très rapidement mais sur “Versailles” c’est pareil, on passait quand même 30 ans et la mode changeait, il fallait trouver des moyens de réutiliser ce qu’on avait fait mais le transformer et c’est une opportunité de faire les choses sur la variété, sur la durée qui est extraordinaire, enfin en dehors du fait que moi là je ne peux pas passer un an sur un projet, je trouve que c’est vraiment formidable comme offre.
Marie-Antoinette est un peu une icône de la mode ?
Dans la première saison, on n’en est pas encore à l’icône de mode. On est dans la brisure du carcan. Elle arrive, elle est enfermée dans la cage du protocole, de grands paniers, de cette dureté, de cette rigidité, de cette convention terrible qui la met en cage. Et elle essaye de s’en libérer jusqu’au moment où elle va devenir reine et où là elle va pouvoir dire « hé bien moi je ne vais pas le faire comme ça ». C’est une petite révolution à l’intérieur de sa vie intime et privée, ça n’a pas de conséquence autre que ça sur la vie du peuple mais en même temps ça a fait un pas vers la libération du corps de la femme en fait quand même à travers sa souffrance à elle mais ça le fait. Et elle n’est pas encore icône de mode, là elle commence dans les derniers épisodes à rencontrer Rose Bertin, elle devient reine et elle décide pour elle mais on est vraiment juste au virage. Ça, ce sera pour la saison 2 je pense.
Êtes-vous pour une démarche écoresponsable dans votre métier ?
Depuis longtemps. Le dégoût des housses en plastique et du jetable, ça fait très longtemps que ça me tient à cœur. Et dans nos métiers c’est même dégoûtant parfois donc dès qu’on peut là on a fait fabriquer des housses, Marie a décidé de transporter des costumes de figuration avec des housses générales c’est-à-dire qui ferment les costumes sur un portant entier. On a fait faire des sacs, nous sur “Astérix” on a utilisé des pochettes en papier avec des faces transparentes pour pouvoir ranger les choses dedans et que ce ne soit pas du plastique. On y travaille depuis longtemps mais on est rarement dans des cas de figure où on peut dire « oui mais là un budget pour fabriquer des housses en toile », oui mais ça c’est vraiment des choses qui sont importantes d’autant que je trouve par rapport à cette période et par rapport au Covid on a fait vraiment un pas en arrière, le petit gâteau sous sachet, les gobelets individuels, les masques, enfin bref. Il est temps de remettre ça un petit peu dans le bon sens.
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