Valérie Nouvel, repéreuse de lieux de tournages

Rencontre avec Valérie Novel, repéreuse de lieux de tournages pour le cinéma lors du Production Forum.

En quoi consiste le métier de repéreur ?

Nous sommes vraiment au début du projet du film. Bien sûr, au départ, il y a bien évidemment un scénario, un ou une réalisateur.rice, un ou une producteur.rice. Mais ensuite, il y a deux choses qui se mettent vite en place : la recherche des comédiens qui vont incarner les rôles et la recherche des lieux qui vont devenir les décors du film. C’est là que nous intervenons. Le premier travail pour nous c’est vraiment de lire le scénario et de faire un dépouillement des décors et des sous décors parce que parfois,

par exemple, sur un même appartement, l’extérieur de l’immeuble, le hall de la cage d’escalier et l’appartement lui-même peuvent être dans des endroits très différents. Evidemment, pour la praticité et pour le coût, nous préférons que tout soit au même endroit parce que déplacer une équipe de cinéma, c’est énormément de travail et d’argent. Dans un deuxième temps on rencontre le réalisateur ou la réalisatrice on reparle avec lui des décors parce que nous avons pu nous faire une image à la lecture qui peut être éloignée de ce que le réalisateur avait en tête. Et ensuite on hiérarchise un petit peu les priorités en fonction de ce qui est le plus compliqué ou ce qui va nécessiter le plus de travail des décorateurs, par exemple, ce qui doit, donc, être trouvé en amont. Et puis après il s’agit de trouver l’impossible.

Comment trouvez-vous ces endroits ? Vous avez un carnet, des détectives, les gens vous contactent directement ?

Chacun a sa façon de travailler. Chaque film est un prototype, à chaque fois on recommence. J’ai mille anecdotes à raconter mais une fois en urgence sur un film à l’esthétique déjà bien définie. Ils avaient perdu leur décor et il leur fallait un café pour la semaine d’après. Des cafés, j’en ai peut être 500, 1000, 2000, je ne sais plus mais peut être que le café pour ce film-là je ne l’ai pas dans mon ordinateur. Mon travail c’est avant tout de comprendre ce qui est bien pour le film, pour ce projet-là. Et en effet, j’étais passé huit mois avant dans une petite rue à Aubervilliers. J’avais noté le nom du lieu et pris quelques photos sans savoir s’il serait utile un jour. Mais il s’est avéré qu’il était parfait pour ce tournage. Il faut penser en termes de scénographie, de déplacements, de mise en scène et évidemment d’esthétique du lieu. Il faut intégrer les notions de durée du tournage, d’interventions des décorateurs, du nombre de personnes impliquées… De manière générale, nous sommes en repérage tout le temps. Même quand on se balade en famille !

L’idéal est de déjà connaître la région. Personnellement, cela fait 20 ans que je travaille particulièrement sur la région parisienne et c’est là que la plupart des tournages se font, donc je connais bien le terrain même s’il est mouvant et que les choses changent. L’important est de se faire un dossier, évidemment, mais aussi un réseau fait, notamment, de commerçants et d’institutions. Et sinon, le porte à porte reste efficace, en laissant des mots dans les boites aux lettres ou sur les portes. Certaines personnes se proposent naturellement parfois. Notre travail est aussi de prévenir ces personnes des contraintes qu’entraine un tournage.

Combien êtes-vous dans l’association des repéreurs?

Dans ce métier, en tout, on doit être entre 60 et 100, enfin pour ceux qui ne font que ça parce qu’il peut également y avoir des assistants ou des régisseurs qui parfois font un travail de repérage pour un film. Dans l’association, ce ne sont que des personnes spécialisées qui peuvent revendiquer au moins cinq expériences sur des longs métrages ou des oeuvres audiovisuelles. C’est un milieu assez paritaire, je dirais même, sans connaître les chiffres précisément, qu’il y a plus de femmes. Mais ça doit se jouer à 2-3 personnes près.

Autres articles

Femme à la caméra

Femme à la caméra

Nathalie Durand, directrice de la photographie nous parle du collectif Femmes à...