Rencontre avec Luc Pourrinet, responsable développement chez ArtFX
MC : Pourriez-vous commencer par vous présenter en quelques mots ?
LP : Je suis Luc Pourrinet, je travaille chez ArtFX. J’ai deux fonctions là-bas, je suis responsable du développement et je suis directeur pédagogique de l’école de cinéma que ArtFX a créé en septembre 2022, qui s’appelle l’école 24.
MC : Et en quoi consiste ces deux rôles ?
LP : En tant que directeur pédagogique d’une école de cinéma, je conçois, avec le responsable pédagogique, tous les programmes et la pédagogie que suivent les étudiants pendant les 5 années du cursus. L’objectif, c’est aussi de coordonner le travail de tous les intervenants et de suivre l’évolution des étudiants. Et je suis également responsable du développement d’ArtFX, sur l’ensemble des trois écoles à Montpellier, Roubaix et Enghien. Cela signifie que, par exemple, j’ai coréalisé le dossier France 2030 “La Grande Fabrique de l’Image” pour ArtFX et l’école 24, en construisant la stratégie, tous les partenariats possibles de manière à créer une dynamique et un lien solide avec eux.
Je m’occupe aussi d’un fond de dotation, que nous avons créé en mai dernier, qui a pour objectif d’aider au financement du cursus d’étudiants qui n’ont pas les moyens de se payer l’école.
MC : L’école semble percevoir le cinéma comme un travail d’équipe, c’est ce que vous ressentez également ?
LP : Il y a trois mots qui résument à la fois notre pédagogie et les fondements même de ce qu’est l’école. La bienveillance, pas seulement celle de l’école envers les étudiants mais aussi des étudiants entre eux. On fait des métiers créatifs ou techniques, qui se font en équipe. Un film, ça ne se fait pas tout seul. On met le plus souvent possible les étudiants dans cette posture de travailler ensemble, de partager les responsabilités. La deuxième valeur de l’école, c’est l’exigence de chacun envers lui-même, du travail bien fait. Enfin, la troisième valeur, c’est l’innovation. Quand on travaille dans les métiers du numérique et de la création, il faut toujours essayer d’avoir un coup d’avance et d’imaginer la transformation des métiers.
MC : Il y a un an, une enquête avait été menée par L’industrie du rêve autour des formations cinématographiques et audiovisuelles. Pensez-vous qu’aujourd’hui, ces formations répondent toujours aux besoins du secteur ? Et comment essayez vous d’améliorer cela avec votre école ?
LP : Je parlais d’innovation, mais elle n’est pas seulement technologique, elle est aussi pédagogique. La manière dont elle peut s’exercer dans nos écoles, c’est en ayant un lien permanent avec l’industrie. ArtFX a un lien fort avec les studios de jeux vidéo, d’animation, de VFX,… On les fait intervenir lors de masterclass, sur des cas pratiques. Ils viennent également le jour du diplôme pour faire le job dating. Depuis 8 ans, nous avons organisé un comité pédagogique pour échanger avec ces studios, pour voir où ils en sont dans leur évolution pour que nous puissions faire nous aussi évoluer notre pédagogie. Pour ce qui est de l’école de cinéma, il nous a paru essentiel de pouvoir avoir un échange avec les professionnels et leurs associations représentatives. Cela nous permet de comprendre leurs attentes, d’être au plus près possible de ce dont ils ont besoin.
MC : Et vous comptez mettre de nouvelles formations en place ?
LP : Oui, on sait très bien que dans les secteurs des VFX et de l’animation, il y a des besoins forts. Le premier, c’est les métiers de la direction technique dans ces studios. Ce sont des gens très versés dans l’informatique et qui sont en lien avec les artistes. On a déjà monté une formation à ce métier il y a 6 ans, que l’on va développer afin de pouvoir avoir des élèves formés en 3 ans. Dans les studios, on a aussi besoin de producteurs mais très peu de formations existent pour cela. C’est donc un objectif, avec de l’alternance, pour être très proche des besoins des studios.
MC : Et à côté de l’école, vous avez monté SOS PROD en 2014, pouvez-vous nous en parler ?
LP : Après avoir travaillé 15 ans dans des labo de post production, j’ai décidé de monter ma propre boite pour devenir directeur de post production. L’objectif était de pouvoir apporter tout mon savoir-faire pour conseiller les productions et suivre les post productions. Ça a précédé mon entrée dans le monde de l’éducation, parce qu’au bout de 3 ans j’ai eu envie de transmettre ce que j’avais appris.
MC : Avant cela, vous avez été membre du jury de la caméra d’or à Cannes en 2005. Nous parlions tout à l’heure des besoins du secteur. Pensez vous que les VFX sont assez reconnus au coeur des festivals ?
LP : Il y a eu, ces 10 dernières années, deux avancées fondamentales par rapport aux VFX. La première, la ville d’Enghien a créé un festival autour des VFX qui s’appelle le PIDS. Et ça, c’est une excellente manière de mettre en avant le travail des studios français et européen. Et la deuxième, il y a enfin un César des effets visuels, ça change beaucoup la donne. Après, c’est sûr qu’on aimerait que ce métier des VFX soit plus reconnu dans d’autres festivals. Aujourd’hui, il n’y a plus un film qui se fait sans effet visuel aussi simple ou complexe soit-il.
Interview réalisée par Margot Costa
Retrouvez Luc Pourrinet :
PAVILLON TILLEULS
10h30-11h30
Les métiers techniques et la formation initiale. Où en est-on aujourd’hui ?
(par l’industrie du rêve)
Modération : Anne Bourgeois, Vice-Présidente de L’industrie du rêve
Intervenants :
- Sophie Cazes, directrice générale adjointe de la Fémis
- Luc Pourrinet, directeur du développement d’Artfx
- Vincent Lochmann, responsable du département Études et Pédagogie INA
- Franck Pettita, directeur général de l’École Georges Méliès
- Christine Raspillère, directrice de production, Peninsula Pictures/Clicquot LLC
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