Jean-Marie Dreujou, chef opérateur chez AFC

Rencontre avec Jean-Marie Dreujou, chef opérateur.

Comment avez-vous abordé le tournage de Notre-Dame brûle ?

Je travaille déjà depuis 20 ans avec Jean-Jacques donc on se connaît bien. Quand il m’a présenté le projet, la première chose c’est de lire le scénario et ce qui est très très important dans ce scénario, c’est que chaque scène était chronologiquement notée c’est-à-dire que tous les horaires étaient extrêmement précis. Donc ça, ça a été une première information pour mon travail puisque dans cette journée-là, ça commence le matin et ça se termine le soir. Le film se déroule sur une journée. Et cette journée, il a fait beau toute la journée. Donc déjà tous les horaires pour moi, c’était fondamental d’avoir toute cette indication. À la suite de ça, on a fait tous les repérages qui s’ensuivent et à partir du moment où tous les lieux ont été choisis, ce qui a été primordial aussi c’est le découpage de Jean-Jacques parce que par exemple dans chaque scène qui était écrite, une fois qu’il a fait le découpage il y avait les lieux qui étaient précisés c’est-à-dire qu’on pouvait très bien faire un plan à tel endroit un autre à un autre endroit, le contrechamp ailleurs, le plan en plongée ailleurs, le contre-plongée ailleurs en fonction des cathédrales plus des fois en studio. Donc ça, ça a été vraiment primordial.

Quels ont été les enjeux techniques ?

La difficulté c’était de respecter la chronologie entière sur tout le film en fonction des lieux et on sait bien que quand on tourne, tout ça s’est étalé sur plusieurs mois donc il fallait bien tout mettre en ordre. Donc c’était un bon puzzle à organiser. Donc ça c’était une première difficulté. Et puis Jean-Jacques aime beaucoup faire beaucoup de choses en direct tout le temps. Les effets visuels sont juste un apport en plus mais c’est souvent que des effets techniques sur place. Donc le feu était vraiment primordial. Il voulait vraiment travailler avec le vrai feu. Pour ça il m’a demandé de mettre des caméras dans le feu donc on a été obligé d’inventer un système pour pouvoir mettre des caméras en plein cœur d’un foyer. Donc ça a été une construction à faire, on a fait des caissons spéciaux qui étaient donc fabriqués en silicate et qui étaient reliés à des grands tuyaux pour pouvoir être refroidis par une climatisation qui était à l’extérieur du feu. En gros, je vous schématise, c’est un peu plus compliqué que ça mais bon pour vous schématiser… avec une glace spéciale en quartz qui tient la température. Donc avec ça on a vraiment pu mettre des caméras entièrement dans le feu.

Comment abordez-vous votre travail selon le genre du film ?

C’est vrai que j’ai fait beaucoup de films un peu différents mais à chaque fois c’est le film d’un metteur en scène donc c’est lui qui va me nourrir du visuel qu’il a envie de développer pour ce film donc tout ce qui va être intéressant de mon travail du début, avant le tournage, ça va être de savoir exactement ce que le metteur en scène veut visuellement et lui présenter le maximum de ce qu’il a dans la tête, d’essayer de reproduire exactement ce qu’il a imaginé. Donc ça, ça va être la principale partie de mon travail qui va me prendre pas mal de temps parce qu’après une fois qu’on sait ça va vite.

Une anecdote de tournage à nous partager ?

C’est vrai qu’en 2019, j’ai fait trois films d’époque de suite. J’ai commencé par le Moyen Âge avec « Kaamelott », après j’ai continué sur « De Gaulle », je suis passé en 1940 et j’ai terminé au 18e avec « Délicieux » donc j’ai fait pas mal de films d’époque. Et je me souviens, il y a très longtemps j’avais fait aussi un enchaînement de tournages de films d’époque. J’avais commencé avec un film qui s’appelait « Marquise » et j’avais enchaîné sur un autre film qui s’appelait « Marthe » de Jean-Loup Hubert et « Marquise » de Véra Belmont et c’était avec Bernard Giraudeau avec qui j’avais déjà fait « Les Caprices d’un fleuve » et je me souviens très bien, on terminait « Marquise » en Italie, on avait tourné à Cinecittà en Italie, et on terminait le vendredi soir avec Bernard Giraudeau qui jouait Molière, donc le dernier plan du film c’était avec lui qui enlevait sa perruque, un plan assez fort. Et puis on part ensemble, on change de valise le dimanche, le lundi on se retrouve au Croisic et on tournait « Marthe », le film de Jean-Loup Hubert qui se passait en 1914 et lui faisait un colonel, un médecin colonel et d’un seul coup je le retrouve le lundi habillé en colonel et je trouve que pour ça notre métier est formidable quand on peut sauter des siècles comme ça. C’est juste, voilà, un métier formidable.

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