Olivier Emery, fondateur de Trimaran
Olivier Emery, le récipiendaire d’un Génie Award d’honneur nous parle de l’évolution du secteur depuis les années 1980.
Comment se sent-on de recevoir un génie d’honneur ?
C’est un peu exceptionnel, on le reçoit qu’une fois ! Ça me touche, évidemment, car cela veut dire que la communauté française d’effets visuels reconnait un petit peu le travail que j’ai fait ces trente dernières années. Ça fait longtemps que je suis dans le métier, d’abord du computer graphics puis des effets visuels.
J’ai fait, je pense, pas mal de choses assez différentes et assez variées et je me suis beaucoup investi. Donc le fait d’avoir cette reconnaissance, c’est toujours quelque chose de plutôt plaisant. Je suis très heureux de recevoir ce prix l’occasion d’un événement que j’apprécie et dans lequel je suis souvent intervenu en tant que conférencier. Puis c’est aussi à la suite de gens comme Pierre Buffin, Jacques Bled et Rodolphe Chabrier avec qui j’ai travaillé au début de ma carrière dans la 3D. On a fait beaucoup de choses ensemble, donc que l’on soit tous récompensés, c’est aussi bien pour cette petite communauté, qui avait démarré à l’époque avec des petits moyens.
Comment pourriez-vous décrire l’évolution des VFX depuis le début de votre carrière ?
Il y a eu les années 80, où justement c’était un travail uniquement computer graphics, vraiment laborieux, complexe. A l’époque, je faisais essentiellement du logiciel, j’avais développé le logiciel Imagix 3D. C’est comme ça que j’ai travaillé avec Mac Guff et Buf, puisqu’ils étaient utilisateurs du soft qu’ils avaient. J’étais le développeur des softs qu’ils utilisaient pendant plusieurs années, au démarrage ça a été très collaboratif. Ensuite, les années 90. J’ai démarré Trimaran début 1991, donc on a un peu cassé les ponts avec eux, puisqu’Imagix était fini, Trimaran avait plus d’ambition pour produire du CG avec aussi d’autres applications. Puis les VFX ont débuté au milieu des années 1990 en pub. C’était une période assez active en pub et pas du tout encore en fiction, ni cinéma ni télé.
Puis c’est plutôt début des années 2000 que les VFX sont vraiment apparus pour la fiction, chez nous en tout cas, à Trimaran. Nous étions plus particulièrement spécialisés dans les séries et peu dans le cinéma, ce qui était un positionnement original par rapport aux autres studios.
Aujourd’hui, on voit un peu l’explosion des VFX dans le cinéma et dans les séries internationales, partout dans le monde, avec malheureusement un marché français un peu atone, qui n’est pas très dynamique.
Mais ces deux dernières années, il y a de réels changements positifs. C’est une dynamique d’entraide collaborative pour essayer de faire des choses ensemble, de développer le business tous ensemble. Et ce à travers deux choses : il y a la section française de la VES, qui date d’il y a deux-trois ans, puis le syndicat, les prestataires, où on est 10 studios présentés en FranceVFX. C’est relativement nouveau. On a eu du mal à démarrer mais récemment depuis l’été dernier c’est reparti, avec un nouveau bureau, une nouvelle direction, et là ça se met en place vraiment bien, avec l’objectif qui est que fondamentalement on se rend compte que ce n’est pas sur le marché français que l’on va crédibiliser nos entreprises. Il faut que l’on arrive à crédibiliser l’offre française à l’international et faire que tous les studios travaillent pour les grandes productions internationales, d’abord Hollywood. Je m’investis beaucoup là-dedans car nous avons besoin de sortir de nos frontières. Parce qu’il n’y a pas de gros projets cinéma, il n’y a pas de gros projets télé. On se bat finalement tous sur un petit marché. Ce n’est pas très favorable en termes de business, ça fait baisser les prix et c’est finalement le client qui en profite. Et nous on ne se porte pas très bien en échange.
Vous gardez donc cet axe plutôt audiovisuel que cinéma, chez Trimaran ?
Oui, car nous sommes bien introduits dans le milieu de la série. C’est notre environnement naturel en France. En tout cas, la tendance, et c’est quelque chose que l’on ressent chez tous les prestataires, tous nos collègues, tous nos partenaires de FranceVFX, c’est qu’effectivement le boulot revient. L’année dernière, on avait fait ce film Blood Machines qui a été un gros travail en termes de temps et d’investissement, avec une équipe importante. Et ensuite, on a fait des téléfilms, des minis séries, pas des choses d’ampleur en fait, qui ne sont finalement pas des choses si excitantes que ça. Mais ça fait marcher la société.
Enfin, à Trimaran, on a toujours de l’activité dans un autre domaine, dans le sport. Ce n’est pas du VFX mais cela représente la moitié du chiffre de la boite donc c’est important en terme de volume.
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